Les
grands cycles de l'histoire de Marseille sont animés par sa vocation maritime,
par son rôle d'interface entre espace méditerranéen et espace européen. Les
différents ports de Marseille depuis le Lacydon jusqu'aux bassins de Fos,
témoignent des échanges et des croisements des hommes et des marchandises, de
l'évolution des techniques, visibles encore en partie aujourd'hui dans le
paysage urbain. Ceci dans un contexte où l'appareil portuaire, d'abord
intimement imbriqué dans la ville, s'est lentement dissocié pour acquérir une
autonomie institutionnelle et spatiale.
Dans
son projet scientifique et culturel, le musée d'Histoire de Marseille a choisi comme fil d'Ariane l'aventure
maritime et portuaire de la ville. La réouverture du site du port antique de
Marseille, envisagé comme première salle du musée, la présentation de six
épaves de navires grecs et romains et de très nombreux objets comme une figure
de proue, des maquettes de navires... font du musée d'Histoire de Marseille un
lieu majeur de conservation et de valorisation du patrimoine portuaire et
maritime.
Domaines, entrepôts, grues, hangars, quais, formes de radoub, carrières de pierre... patrimoine mobilier, immobilier aux statuts multiples. Et dans l'imaginaire? Le patrimoine portuaire aujourd'hui disparu continue à marquer les représentations de la ville, comme la silhouette du Pont à transbordeur ou l'emplacement de l'ancien canal de la Douane. Et dans les musées? Maquettes, outils, peintures, céramique de cargaison, objets d'accastillage, instruments des peseurs-jurés...
Quel patrimoine portuaire pour l'avenir?
Dans un contexte de standardisation mondiale, les containers pourraient devenir les objets patrimoniaux du futur alors que la manutention horizontale sur de vastes plateformes semble dessiner la fin des bâtiments durables. De plus, l'éloignement des nouvelles installations portuaires de la ville interrogent sur l'appropriation de ce patrimoine par les habitants. Aujourd'hui, Marseille est engagée dans un processus de réhabilitation des espaces à vocation portuaire comme les Docks ou le hangar maritime J1, l'un des enjeux étant de reconquérir la façade maritime, de la redonner au piéton.
Que veut-on conserver? Comment le conserver?
Le
patrimoine portuaire se compose aussi de process industriels, d’espaces de
travail, d’espaces de sociabilité, d’espaces de stockage, de cheminements...
C’est aussi un patrimoine immatériel lié aux savoir-faire.Ces objets multiples, hors norme, de grandes dimensions, composés de matériaux comme l’amiante ou le plomb posent des problématiques spécifiques de conservation. Ce patrimoine n'a pas été pensé et conçu pour s'inscrire dans le temps. Comment alors faire face à la question contemporaine du développement durable?
La première journée, sous l'égide du musée d'Histoire et avec comme référent scientifique Jean-Louis Kerouanton (Université de Nantes) mettra l'accent sur l'approche historique et la valorisation muséale. La seconde journée, sous l'égide du CICRP et avec comme référent scientifique Katia Baslé, abordera les aspects de conservation et de restauration. L'organisation logistique (régie de l'auditorium, accueil des participants) est à la charge du musée d'Histoire, le CICRP (GIP) prenant en charge une partie des frais liés à l'accueil des intervenants.
Ces
journées d'études seront le premier jalon d'un cycle de réflexion et d'échanges
qui associera d'autres musées français et européens, le second temps étant
d'ores et déjà programmé à Nantes en juin 2015.
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